La Sambre continue à couler, mais maintenant tout est nettoyé. Les rares personnes qui passent à côté n’y pense même pas. Comme si rien ne s’était jamais passé puisque de toute façon, rien ne pourrait jamais s’y passer. Les Namurois ont toujours préféré faire comme si et peut-être
que quelque part, je suis comme eux. On essaie d’échapper à ce qu’on ne veut pas voir. Mais je ne peux pas échapper à cinq années sur les mêmes bancs d’école.
Ce serait nier toute une éducation. Toute une construction de la personne. Et des personnes qui étaient avec moi sur ces mêmes bancs. Quand on a jeté un de ces bancs dans la Sambre, on a eu envie de rire, mais pourtant personne ne l’a fait. On s’est re
gard
és comme des chiens de faïence et on n’a pas osé alle
r plus loin, de peur de se casser. On
a tourné
le
dos. Un seul, mais je ne l’ai pas vu, s’est retourné pour vo
ir que le bois
ne flottait pas, et on est tous partis de notre côté. Il valait peut-être mieux
.